Voulez-vous maigrir grâce aux Omégas 3 ?

Avec les beaux jours, on se découvre et on a envie de faire quelques efforts pour sa ligne ! Bouger, manger ni trop gras, ni trop sucré, tout ça on connaît…Mais savez-vous que les Oméga 3 sont de réels alliés de la minceur ?Des Oméga 3 pour maigrir ? A priori, cela peut étonner, car si ces graisses sont essentielles (l'organisme ne sait pas les fabriquer, on est obligé de les trouver dans l'assiette), elles fournissent, comme tous les autres lipides, 9 kcal par gramme.

Consommation d'Oméga 3 en baisse, obésité en hausse

 

C'est cette constatation qui a mis la puce à l'oreille de certains chercheurs, comme le Pr Ailhaud, spécialiste du tissu adipeux (graisseux) et des lipides. Depuis les années 1960, le surpoids et l'obésité n'ont cessé de progresser, chez l'adulte comme chez l'enfant, dans tous les pays industrialisés. Certes, nous nous dépensons moins qu'autrefois, mais nous avalons simultanément moins de calories. Des apports lipidiques excessifs favorisent la prise de poids, du moins chez les personnes prédisposées. Mais notre consommation quantitative de lipides s'est stabilisée depuis une vingtaine d'années. Ce qui a changé en revanche, c'est leur qualité : plus d'Oméga 6, et moins d'Oméga 3, dans un rapport de l'ordre de 15, qui a plus que triplé en 40 ans. Explication : les Oméga 6 (acide linoléique) sont abondants dans les huiles de tournesol, de maïs, et de soja, que nous utilisons bien plus dans la cuisine que par le passé. Et il y a moins d'Oméga 3 (acide alpha-linolénique) dans les aliments d'origine animale ( viandes, lait), parce que les animaux mangent moins d'herbe, et plus de céréales telles que le maïs. Même les poissons, lorsqu'ils proviennent de l'élevage au lieu de la pêche, contiennent moins d'Oméga 3.

 

Les Oméga 3 empêchent la multiplication des cellules graisseuses

 

Conséquence de ces changements alimentaires, la composition en lipides du lait maternel a évolué dans le même ratio. Quant aux laits infantiles, ils sont restés des années sans Oméga 3 ou presque (leurs apports nutritionnels étant rigoureusement réglementés) (3). Et lorsque les Oméga 3 sont apportés en proportion insuffisante par rapport aux Oméga 6, leurs dérivés dans l'organisme ne sont pas en équilibre. On a montré que l'excès de dérivés des Oméga 6, les prostaglandines, stimule la multiplication des cellules graisseuses, les adipocytes. Une fois en place, ces cellules ne demandent qu'à se gorger de graisses. Au total, le manque d'Oméga 3 dans la petite enfance, à une période clé du développement du tissu adipeux, aurait un rôle capital dans la genèse de l'obésité.

Un travail du Pr Ailhaud et de son équipe a permis de mieux comprendre ce processus : des souris minces ont été soumises pendant 6 générations à un régime pauvre en Oméga 3 et riche en Oméga 6. Au final, d'une génération à l'autre, des modifications génétiques ont été observées, et les souris sont devenues de plus en plus grosses…(4). Mais, la multiplication des cellules adipeuses peut continuer à l'âge adulte. Une autre étude récente a comparé la composition en acides gras des globules rouges (qui reflète les apports alimentaires de lipides, et la qualité des graisses présentes dans les autres cellules) de personnes obèses (indice de masse corporelle IMC supérieur à 31) et de personnes minces (IMC inférieur à 25) : pour les personnes les plus fortes, le rapport Oméga 6/Oméga 3 était supérieur, et d'autres anomalies lipidiques étaient constatées (5).

 

Ne pas miser uniquement sur les Oméga 3 !

 

Ce serait trop simple ! Pour maigrir ou rester mince, il ne suffit évidemment pas de booster l'apport d'Oméga 3. Sur le plan diététique, mieux vaut également :

-  Modérer sa consommation globale de lipides : en cuisinant léger (pas trop de sauces), et en se méfiant des graisses cachées dans les pâtisseries, viennoiseries, tartes salées… 

- Ne pas abuser des boissons alcoolisées. 

- Limiter les sucreries et les boissons sucrées. 

- Faire la part belle aux fruits et légumes, et aux aliments céréaliers complets. 

- Ne pas sauter de repas. 

- Manger lentement pour manger juste à sa faim.

 

Sans oublier de bouger, minimum 30 minutes par jour, car l'activité physique est aussi un brûleur de graisses !

 

Un régime équilibré en Oméga 3 favoriserait la perte de poids

 

C'est ce que suggèrent différentes études où on a proposé à des volontaires un régime plus riche en Oméga 3. Dès 1997, on avait observé une perte de poids chez de jeunes enfants pour lesquels on avait réduit l'apport d'acide arachidonique (Oméga 6 abondant dans les viandes) et augmenté celui d'acide docosahexaénoïque DHA (Oméga 3 des poissons) (6). Des adultes en bonne santé à qui on a prescrit pendant 3 mois un supplément de 6 g d'huile de poisson (riche en Oméga 3 EPA et DHA) par jour ont vu leur masse graisseuse diminuer.

Un résultat similaire a été obtenu chez des femmes diabétiques ayant reçu pendant 2 mois un supplément de 3 g d'huile de poisson par jour, bien qu'elles n'aient pas maigri : en plus d'empêcher les adipocytes de se multiplier, les Oméga 3 faciliteraient l'utilisation des graisses en guise de carburant énergétique. Autre point fort, les Oméga 3 s'opposent à l'état inflammatoire chronique observé chez les personnes obèses, qui prédispose aux maladies cardiovasculaires (7).

 

Enfin, une étude originale a été menée en France en 2006 : 160 Bretons en surpoids ont été divisés en 2 groupes, et ont suivi un régime pendant 3 mois. Le premier groupe a consommé des repas pauvres en Oméga 3, calqués sur nos apports lipidiques spontanés. Le second groupe a bénéficié d'un régime riche en Oméga 3, grâce à des produits animaux (viandes, beurre, lait, oeufs) enrichis en Oméga 3 par le biais de l'alimentation animale (introduction de graines de lin, excellentes sources d'Oméga 3, dans la ration de bovins, porcs, poules). Résultat : tous ont maigri, de 5 kilos en moyenne, mais 6 mois après l'arrêt du régime, seuls les volontaires du groupe "Oméga 3" n'avaient pas repris de poids…(8).

 

Faire le plein d'Oméga 3 pour mincir

 

Pour mincir ou rester mince, et plus globalement pour notre santé, nous avons tout intérêt à peaufiner notre apport en Oméga 3, de manière à atteindre l'apport conseillé (soit 2 g pour les femmes, 2,5 g pour les hommes d'acide alpha-linolénique ALA et 250 mg de DHA).(9)

L'ALA se trouve essentiellement dans les huiles de noix, de colza, et de soja : compter 2 cuillères à soupe par jour. Si on n'utilise pas beaucoup l'huile, on peut compenser par une margarine "riche en Oméga 3" élaborée à partir de ces huiles, sur les tartines, ou pour les cuissons. En complément, on peut consommer régulièrement des noix ou des graines de lin grillées (ça se trouve en rayon diététique ou bio), de la mâche ou du cresson, des escargots ou du lapin (qui mange de la luzerne riche en Oméga 3).

L'EPA et le DHA se concentrent dans les poissons gras : anchois, hareng, maquereau, sardine, saumon, thon, qu'il est conseillé de manger au moins 2 fois par semaine. A noter, tandis que les Oméga 3 sont stables dans les poissons en conserve, ils sont altérés (oxydés) par le fumage et la congélation au bout de quelques mois.

On peut aussi améliorer son apport d'Oméga 3, ALA, EPA, et DHA, en choisissant des produits animaux, lait, fromages, viandes, jambons, oeufs, enrichis par le biais de l'alimentation animale (avec des graines de lin). Il existe également de la farine et du pain aux graines de lin. En France, ces produits sont reconnaissables par le logo Bleu-Blanc-Coeur.

 

(1) J.M. Lecerf. Lipides et santé. Cahiers de Nutrition et de Diététique, vol 42, HS1 : 24-33. 2007. 

(2) P. Asrtorg et al. Dietary intakes and food sources of n-6 and n-3 PUFA in french adults men and women. Lipids, 39 : 527-535. 2004. 

(3) G. Ailhaud et al. Temporal changes in dietary fats : role of n-6 PUFA in excessive adipose tissue developpement, and relationship in obesity. Progress in Lipid research, 45 : 203-236. 2006. 

(4) G. Aillaud et al. Projet LIPADIP. Janvier 2006-décembre 2007. 

(5) P. Legrand, P. Weill et al. La composition en acides gras des hématies des obèses présente des caractéristiques spécifiques. Poster lors des Journées Francophones de Nutrition, 2008. 

(6) Jensen et al. 1997. 

(7) K. Morvarid et al. Treatment for 2 months n-3 PUFA reduces adiposity in women with type 2 diabetes. American Journal of Clinical Nutrition, 86, 6 : 1670-79. 2007. 

(8) P. Legrand, P. Weill et al. Nature ou quantité des lipides, l'effet des Oméga 3 existe-t-il ? 10°Entretiens de Nutrition de l'Institut Pasteur de Lille. 2008. 

(9) Avis de l'Afssa sur les ANC en acides gras, 1er mars 2010°

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